jeudi 23 avril 2009

Visites d'IMFs au Royaume Uni



Dans le cadre de recherche de bonnes pratiques concernant la gestion des risques et afin de découvrir la microfinance dans les pays d’Europe de l’Ouest de façon générale, Christophe Villa et moi-même avons eu la chance d’aller à la rencontre d’institutions de microfinance de l’autre côté de la Manche.

Nous avons ainsi fait la connaissance de Fair Finance qui travaille dans les quartiers défavorisés de Londres puis de First Step, une intsitution de microcrédit nationale en Irlande.

Fair Finance travaille à une échelle locale dans un quartier populaire. L’institution propose des microcrédits personnels (personal loans) et des microcrédits professionnels (business loans) qui représentent un tiers de la valeur du portefeuille total. L’association propose également un accompagnement pour sortir de situation de surendettement. En effet, l’accès au crédit bancaire est un véritable parcours du combattant et c’est ainsi que les échoppes et les prêteurs de porte à porte offrent des crédits à des taux annuels de 100% et même de 1 300% ! par des usuriers permettant les remboursements journaliers.

Que ce soit à Dublin ou à Londres nous avons été frappés par la différence d’approche du microcrédit par rapport au contexte français. La définition du microcrédit professionnel est clairement la suivante : « non bankable ». Les institutions de microcrédit permettent l’accès au crédit aux personnes qui ne peuvent pas avoir de crédit auprès des banques. Les personnes en situation précaire ne constituent pas une cible privilégiée, bien que ce soient souvent elles qui de facto se tournent vers le microcrédit.

First Step ne demande aucune garantie de façon obligatoire et stricte bien qu’elle attende des futurs clients une preuve de leur engagement et de leur motivation grâce à un « apport » personnel (qu’il s’agisse d’une aide sociale, de la souscription à une assurance, d’un bien d’équipement comme une camionnette…). Fair Finance n’exige aucune garantie pour octroyer un prêt, seuls le business plan et la personnalité de l’individu sont pris en compte.
C’est que l’on fait confiance à une personne parce que l’on croit en la réussite de son projet…
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Une vision qui s’explique sans aucun doute par la culture anglo-saxonne de l’entrepreneuriat !

Florence Bacin ,
chargée de mission, Chaire Banque Populaire en Microfinance, Audencia-Nantes.

1 commentaire:

Francoise Clementi a dit…

Le 28 avril 2009, une journée de conférences organisée par le Foro Nantik Lum a eu lieu á Madrid avec pour titre: « Crise économique: opportunité ou menace pour le secteur de la microfinance?
Les interventions toutes très intéressantes ont portées sur la crise économique actuelle et ses conséquences mais le grand débat finalement a été celui de la mission du microcrédit:
faut-il renoncer à travailler avec les plus pauvres pour que l'institution microfinancière puisse être soutenable?
Les partisans du microcrédit pour les plus pauvres, ont soutenu avec véhémence que là est la mission du microcrédit.
En Espagne, ce sont principalement les caisses d'épargne qui offrent le microcrédit aux personnes exclues du système financier formel. Pour avoir accès au microcrédit aucune garantie n'est exigée et la concession du microcrédit est basée sur la personne et son projet professionnel.
Mais les ONG pensent que ce n'est pas suffisant et que se sont les organisations sociales qui travaillent directement avec les personnes exclues qui devraient pouvoir faire du microcrédit. Travailler avec les plus pauvres augmente t-il les risques des institutions microfinancières?
Ces institutions doivent-elles rechercher la rentabilité avant tout?
Le débat n'est pas nouveau mais il reste ouvert.